Randonnée & Trekking

Préparer une randonnée en montagne : équipement et sécurité

Préparer une randonnée en montagne : équipement et sécurité

Choisir la bonne randonnée : destination, durée et niveau

La montagne ne ment jamais. Elle vous rend humble. Avant même de penser à enfiler vos chaussures, tout commence par le choix du parcours. Gauche ou droite sur la carte, cinq heures ou deux jours de marche, 300 ou 1500 mètres de dénivelé ? Chaque détail compte.

Pour éviter les mauvaises surprises – ou les pires –, adaptez l’itinéraire à votre condition physique, à votre expérience et… à votre envie du moment. Inutile de viser les crêtes acérées si vous ressortez des bouchons parisiens deux jours plus tôt. Commencer par une rando progressive est souvent la clé d’un plaisir durable en altitude.

Consultez les topos, les avis, les courbes d’altitude et les conditions météo passées. Un GR bien balisé ou un sentier de balcon peu technique vaut mieux qu’un itinéraire hasardeux, même s’il figure tout en haut de votre bucket list. La montagne, on y revient. Mieux vaut manquer une crête que manquer l’appel du retour.

L’équipement essentiel : être prêt sans surcharger

Quand on parle équipement, le maître mot, c’est l’équilibre. Trop peu, et chaque bourrasque devient une menace. Trop lourd, et chaque pas devient une épreuve. Alors, que glisser dans ce sac pour partir l’esprit léger et les épaules solides ?

  • Des chaussures de randonnée adaptées : montantes pour les terrains accidentés, à tige basse pour les sentiers roulants. Privilégiez l’adhérence et le maintien. Oubliez définitivement les baskets de ville – et vos chevilles vous remercieront.
  • Des vêtements en couches : un système 3 couches reste la norme en montagne :
    • Une couche respirante (technique, en mérinos ou synthétique).
    • Une couche isolante (polartec, doudoune légère).
    • Une couche imperméable et coupe-vent (gore-tex ou équivalent).
  • Un sac à dos ergonomique de 20 à 35L pour une rando à la journée. Choisissez un modèle avec des rappels de charge et une ventilation dorsale.
  • Une poche d’eau ou une gourde pour emporter au moins 1,5L d’eau. En altitude, on se déshydrate plus vite qu’on ne croit, même sans transpirer.
  • Des encas énergétiques : fruits secs, barres, mélange « rando » (le fameux mix amandes-noix-chocolat qui fait des miracles en montée).
  • Une trousse de secours minimaliste mais complète : pansements, désinfectant, aspirine, couverture de survie.
  • Une carte papier et une boussole, même si vous utilisez une appli GPS. En montagne, les batteries se vident comme des gobelets au sommet.
  • Des bâtons de marche pour soulager vos genoux et gagner en stabilité – surtout en descente ou avec du poids sur le dos.

Et si vous partez tôt ou tard ? N’oubliez pas la lampe frontale. La montagne au clair de lune, c’est magique. Mais sans lumière, c’est juste dangereux.

La sécurité : mieux vaut prévenir que secourir

Un petit nuage au départ, une bruine légère au col, et puis… le brouillard s’installe. En montagne, le temps peut basculer plus vite qu’une pierre sur une arête. Alors comment rester du bon côté de la barrière ?

Première règle : informer une personne de votre itinéraire et de votre heure de retour prévue. Oui, même si vous partez seul pour une « balade de deux heures ». C’est cette précaution qui fera toute la différence si vous devez être recherché.

Ensuite, soyez attentif aux signaux de votre corps et de la montagne. Maux de tête, nausées, frissons ou faiblesse : ce sont peut-être les premiers signes d’un coup de chaud ou du mal des montagnes. Il n’y a aucune honte à faire demi-tour. Ce n’est pas de la défaite, c’est de l’intelligence.

Les orages en montagne sont traitres. Si vous êtes surpris par le tonnerre, descendez. Rapidement mais prudemment. Évitez les arêtes, les zones dégagées et tout ce qui pourrait attirer la foudre (type bâtons métalliques levés au ciel…).

Enfin, pensez à télécharger l’application « Ma sécurité » de la Gendarmerie ou à enregistrer le numéro d’alerte montagne (112). En cas de blessure ou de perte, ces outils sont là pour optimiser les secours.

Météo et conditions du terrain : lire les signes

On le dit souvent : la météo en montagne est une science mouvante, parfois poétique… mais jamais approximative. Apprendre à lire le ciel est un art presque aussi essentiel que savoir monter une tente.

Consultez la météo montagne de Météo France au moins la veille et le matin même. Des bulletins spécialisés donnent une vision plus fine de ce que vous allez affronter : direction du vent, taux d’humidité, iso 0°, risque d’orages ou de pluie. Et surtout, restez vigilants aux signes du terrain :

  • Des nuages qui s’accumulent vite ? Le temps tourne.
  • Une baisse brutale de température ? Le front arrive.
  • Un sentier boueux après des jours de soleil ? Il y a peut-être une source ou un névé qui fond en amont.

Un randonneur averti est un randonneur qui sait improviser… en restant raisonnable.

Randonnée en groupe ou en solo : une question de style (et de sécurité)

Certains aiment le silence intérieur d’une marche en solitaire, d’autres le rythme d’un groupe en mouvement. Chacune de ces expériences a ses forces – mais aussi ses pièges.

En solo, vous êtes plus libre, plus connecté à vos sensations et au paysage. Mais la vigilance doit être constante : pas d’erreur de navigation, pas de chute sans assistance, pas de panne morale sans compagnie. C’est à la fois grisant… et responsabilisant.

En groupe, le plaisir se partage. On s’encourage dans la montée, on rigole en descente, on échange ses dernières réserves d’amandes. Mais attention au syndrome du suiveur : ne laissez jamais le groupe décider à votre place si vous ne vous sentez pas en forme. Exprimez vos doutes, proposez un tempo, soyez acteur de votre sécurité.

Et puis, il y a les intermédiaires : les sorties en binôme. Deux cerveaux, deux paires de jambes, et le double de liberté avec un filet de sécurité en plus. Ma formule préférée pour les randos techniques.

Anticiper l’imprévu : l’importance de la marge

Il y a ceux qui courent après le sommet, et ceux qui marchent avec l’horaire. En montagne, anticiper vaut mieux que rattraper.

Prévoyez toujours une marge horaire : partez tôt, même un peu trop. Calculez votre itinéraire large. S’il est annoncé en 5h de marche, comptez 6, voire 6h30. Pourquoi ? Parce que les pauses, les photos, les hésitations sur le sentier ou les bâtons qu’on ramasse pour la descente, tout cela prend du temps.

Gardez une marge d’énergie : ne partez pas si chaque ascension à 800m de D+ ressemble pour vous à un 400 mètres haies. Ressentez la fatigue, mesurez-la. Et surtout : gardez une dernière barre chocolatée que vous n’ouvrirez qu’en cas de coup de pompe absolu. C’est votre joker psychologique.

Et enfin, laissez place à l’improvisation dans un cadre sécurisé. Si vous repérez un refuge accueillant ou un plateau où bivouaquer, pourquoi ne pas changer le plan initial ? L’imprévu bien géré est souvent la plus belle partie de l’aventure.

L’esprit de la montagne : respect, humilité et émerveillement

Parfois, il faut s’arrêter. Regarder la lumière entre deux pins, sentir la brume qui monte du vallon, écouter le silence de la pierre. La randonnée en montagne n’est pas qu’un exercice physique. C’est un retour aux sources. Un instant suspendu entre ciel et terre.

Respectez les lieux que vous traversez : ne laissez aucune trace, refermez les clôtures, emportez vos déchets. Saluez les autres randonneurs, partagez un sourire ou une info sur le sentier. L’esprit montagnard, c’est la solidarité autant que l’effort.

Et rappelez-vous : cette nature que vous admirez n’a pas été conçue pour vous. Elle est là depuis bien avant, et elle sera là bien après. Vous n’en êtes que le visiteur. Humble et joyeux.

Alors, qu’attendez-vous ? Les sommets ne bougent pas – mais les saisons, si. Il ne vous reste qu’à boucler le sac, resserrer les lacets et suivre le sentier. Il paraît qu’au prochain virage, le panorama vaut l’effort.

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