Quand les mollets vous démangent, que l’appel de la nature devient pressant et que vos chaussures de rando vous lancent des regards depuis le placard… c’est le moment de charger le sac et de partir. Mais où ? La France regorge de sentiers mythiques, de lacs cristallins, de crêtes effilées et de refuges perchés. Entre plaines silencieuses et cimes indomptées, l’Hexagone est un terrain de jeu idéal pour les trekkeurs en quête d’évasion, d’effort, et parfois même… d’un bon fromage en altitude ! Voici les itinéraires de trek les plus inspirants à découvrir sur le territoire, testés, approuvés ou rêvés par tout amoureux de liberté en pleine nature.
Le GR20 – L’indomptable beauté de la Corse
Sans doute le plus célèbre et le plus redouté des treks français, le GR20 traverse la Corse du nord au sud sur près de 180 kilomètres. Ce sentier spectaculaire, qui serpente à travers les aiguilles, les forêts de pins laricio et les chaos rocheux, a forgé sa légende par sa difficulté autant que par la rareté de ses panoramas.
On y grimpe, on y glisse un peu, on y peste parfois, surtout sous la canicule corse, mais on y revient toujours dans ses souvenirs. La portion nord, plus alpine et technique, ravira les montagnards aguerris. Au sud, les sentiers deviennent plus roulants, mais l’effort reste constant. Chaque étape récompense l’endurance par des baignades dans des vasques naturelles ou des bivouacs sous les étoiles, face à la mer Tyrrhénienne.
À savoir : Trek exigeant physiquement et techniquement. À faire entre juin et septembre pour profiter des refuges ouverts. Emporter un bon ravitaillement et des genoux solides !
Le Tour du Mont-Blanc – La carte postale des Alpes
Impossible de parler des treks français sans mentionner cette boucle alpestre devenue un classique international. Le Tour du Mont-Blanc (ou TMB pour les intimes), c’est une immersion de 170 km autour du toit de l’Europe, traversant trois pays : France, Italie et Suisse. Une vraie escapade transfrontalière !
C’est un trek accessible pour les randonneurs bien préparés, avec une logistique bien huilée : refuges accueillants, auberges rustiques, téléphériques pour économiser quelques cuisses… Mais attention, ce n’est pas une promenade de santé pour autant. Le dénivelé est conséquent, les journées longues, et les jambes finissent par le sentir.
Ce qui le rend inoubliable ? Les vues en cinémascope sur les glaciers, les alpages ponctués de vaches à cloches, et une ambiance cosmopolite : ici, ça parle anglais, italien, coréen… et rando passionnément.
Astuce terrain : Réservez vos hébergements longtemps à l’avance en pleine saison (juillet-août), ou partez en juin/septembre pour plus de tranquillité.
Le GR10 – L’odyssée du Pays basque à la Méditerranée
Le GR10, c’est le grand frère sudiste du GR5 alpin. Il relie l’océan Atlantique à la mer Méditerranée, serpentant sur plus de 850 km le long des Pyrénées. Huit semaines pour les plus téméraires – ou une belle sélection d’étapes si le calendrier est moins généreux.
Au programme : crêtes escarpées, lacs d’altitude translucides, cabanes de berger, et cette impression constante d’être seul face au sauvage. Moins populaire que ses cousins alpins, le GR10 est un condensé d’authenticité. Les sentiers sont parfois rudes, le balisage capricieux, mais le cœur y est. Et puis, le fromage de brebis et la charcuterie basque valent bien quelques ampoules.
Pour qui ? Ceux qui cherchent la solitude, l’effort long, et un trek à dimension humaine. À aborder par sections (Luz-Saint-Sauveur/Cauterets ou Banyuls/Amélie-les-Bains sont de très belles portions).
Le Queyras – Tranquillité et sommets du soleil
Si vous rêvez de sommets baignés de soleil, de vallées alpines délaissées par le tourisme de masse et d’itinéraires sauvages, le Parc naturel régional du Queyras est fait pour vous. Les tours et traversées du Queyras offrent des boucles de 5 à 8 jours, idéales pour un trek d’été.
Ici, les chemins flirtent souvent avec les 2800 mètres, offrant des panoramas lumineux sur les Écrins et le Piémont voisin. On croise plus de marmottes que de randonneurs — un luxe rare en août. Certains passages comme le col de Chamoussière ou le célèbre col Agnel imposent un souffle court et des pauses contemplatives.
Avantage : Possibilité de dormir en refuge ou gîte toutes les nuits. Les villages comme Saint-Véran ou Ceillac offrent des haltes chaleureuses et pleines de cachet.
Les Calanques entre Marseille et Cassis – Trek côtier version minérale
Un itinéraire à part, entre terre et mer, à la frontière du trek et de la rando sportive. Le sentier des Calanques marie falaises abruptes, criques d’eau turquoise et senteurs de garrigue. En mode bivouac (dans les limites du réglementaire) ou à la journée avec retour en bus, chaque pas est une carte postale vivante.
Attention cependant : le terrain technique, caillouteux et souvent en balcon, requiert une bonne stabilité, surtout avec un sac chargé. En été, le parc est parfois interdit pour cause de sécheresse – renseignez-vous la veille ou partez en basse saison.
Idéal pour : Les amoureux de la Méditerranée qui veulent suer un peu avant de piquer une tête dans une crique secrète.
Le massif du Mercantour – Entre sauvage et sublimation
Dernier bastion avant l’Italie, le Mercantour abrite quelques-unes des plus belles randonnées de France. Moins couru que d’autres massifs, il est resté d’une pureté étonnante. Le trek incontournable ? La Traversée des Merveilles, entre vallées profondes, lacs suspendus et gravures millénaires de la Vallée des Merveilles – un vrai musée à ciel ouvert.
Ce qui séduit ici, c’est l’impression d’être hors du temps : les mélèzes dorés, les bouquetins imperturbables, le silence rugueux des roches. Et ces refuges isolés où le feu crépite pendant qu’on sèche ses chaussettes en planifiant l’étape du lendemain.
Petit plus : Possibilité de croiser des loups… à distance évidemment. Le Mercantour abrite l’un des plus grands sanctuaires de biodiversité de France.
Les crêtes du Jura – Marche contemplative et sensations nordiques
Envie d’un trek moins engagé mais hautement revigorant ? Filez sur le GR5, mais section Jura cette fois. Entre Les Rousses et Mouthe, par exemple, la nature jurassienne vous enveloppe dans une atmosphère feutrée. Ici, on parle contemplation, falaises calcaires, alpages paisibles et panoramas sur les Alpes à couper le souffle.
C’est une aventure douce, idéale pour ceux qui veulent marcher longtemps sans grimper violemment. Parfait en toute saison (oui, même raquettes l’hiver pour les téméraires), et idéal pour se reconnecter au rythme lent du silence.
À privilégier : Les couchers de soleil depuis les crêts, et les dégustations de comté fermier en chemin.
Et vous, quel sera votre prochain sentier ?
Chaque trek laisse une trace, qu’on le termine ou non. Une rencontre au sommet, une averse imprévue, ou ce lever de soleil qui valait toutes les courbatures du monde. Choisir le bon sentier, c’est écouter ce que l’on cherche : performance, solitude, beauté brute, ou simplement partir à la rencontre de soi-même dans les replis du relief.
Alors, enfilez vos chaussures, chargez votre sac – pas trop lourd, croyez-moi – et partez explorer ces trésors français. Là-bas, les chemins n’attendent que vos pas.
